Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/252

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fant, l’obstacle visible, tangible, brutal, qui rendait impossible vis-à-vis du monde aucun retour dans le chemin ouvert de l’honneur.

Elle fut sur le point de trahir son angoisse à cette intraitable antagoniste, de lui demander une trêve, une trêve pour l’heure sombre et désolée, ou tout au moins, à défaut de pitié, de lui arracher des éclaircissements précis sur le sacrifice de sa mère. Mais l’effort était trop grand pour son orgueil, le courage lui manqua. Elle murmura :

— Vous m’avez toujours haïe, Gertrude. Depuis que je suis au monde, vous m’avez toujours haïe.

Et l’écartant de son chemin, elle entra.

D’une porte ouverte au fond du corridor, un jour chétif venait, éclairant à peine la nudité froide de l’appartement. Elle regarda un instant autour d’elle l’installation pauvre, presque misérable, puis elle murmura :

— Oh ! si seulement je pouvais oublier la honte… la honte !

Et pour fuir l’œil froid de Gertrude, qu’elle