Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/253

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sentait fixé sur elle, épiant son attitude et cherchant à surprendre ses paroles étouffées, elle entra dans la chambre d’où venait la lumière, en ferma la porte sur elle, et alla s’asseoir devant la table.

La tête cachée entre ses mains, elle se mit à réfléchir profondément, au milieu d’un hou-hou continu de grosses mouches d’arrière-saison, qui glissaient le long des vitres jusqu’en bas, puis remontaient le verre, refaisant infatigablement le même trajet.

Elle reprenait les choses depuis le commencement, et elle essayait de se rassurer.

Elle n’avait pas, après tout, non, elle n’avait jamais eu entre les mains la preuve absolue qu’André eût exploité sa mère, jusqu’à la ruiner.

Si pourtant elle s’exagérait son malheur ?

Sa blessure personnelle, aiguë et profonde, la rendait impropre aux équitables conclusions. Elle s’était arrêtée trop vite aux apparences, oui, elle s’était laissé prendre tout entière à la vraisemblance, mais n’était-il