Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/256

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Quand ses larmes tarirent enfin, elle se mit à aller et venir dans la chambre, lentement, écrasée par le poids d’une obligation impossible à acquitter.

Après le long martyre muet de sa mère, aboutissant à ce désistement incroyable, lui offrir de la pitié ? Non.

Il n’y avait qu’une seule façon d’alléger sa dette, une seule ! Oublier le passé ! Oui, l’oubli, l’oubli voulu, absolu, l’effacement généreux et brave, sans arrière-pensée.

Mais cet effort-là, cette générosité-là, ce triomphe sur ses instincts révoltés lui était impossible. Jamais elle ne pourrait effacer ce qui était, agir et penser comme si elle ignorait le passé, réveiller l’énergie de son cœur engourdi.

Alors que faire ? Quelle attitude trouver vis-à-vis de sa mère, où une gratitude dépouillée de respect et de tendresse ne fût pas une offense ?

Confesser son erreur, chercher une excuse, un semblant d’excuse dans sa propre misère,