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Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/262

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paroles de Mariette traduisaient la sourde inquiétude qui l’agitait elle-même depuis son retour de la fabrique. Une question lui monta aux lèvres, mais elle ne l’exprima pas. Elle refoula l’envie d’interroger cette créature sournoise, chez qui elle avait toujours cru sentir une occulte envie de la narguer et comme une surveillance moqueuse, qui suivait tous ses mouvements, devinant peut-être jusqu’à ses angoisses.

Après un silence, Mariette continua, toujours souriante :

— J’ai souvent dit à Monsieur que sans…

Élisabeth l’interrompit :

— Sortez, dit-elle, cassante. Allez faire votre malle, partez sur-le-champ.

Dès qu’elle fut seule, cependant, sa passagère irritation tomba. Elle n’avait touché que l’épiderme, elle n’avait fait qu’effleurer la surface de son morne désespoir. Seulement elle s’expliquait à présent l’attitude un peu railleuse qui l’avait si souvent froissée dans ses rapports avec Mariette. André, elle n’en doutait