Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/263

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plus, avait divulgué à cette fille les circonstances humiliantes de leur mariage, et sa conduite à elle, ses actes, sa docilité aimante avaient sans cesse servi d’aliments aux curiosités oisives et moqueuses de son entourage.

Jusqu’à ce que la porte d’entrée s’ouvrît et se refermât bruyamment, elle suivit, attentive, le va-et-vient de Mariette, dont le pas alerte et menu trottinait tout près d’elle, puis elle se laissa aller sans résistance à sa fièvre d’attente, à ce mal si connu depuis qu’elle vivait avec André, tandis que sur le cadran d’émail l’aiguille paresseuse marquait les heures du jour une à une. Une à une le timbre argentin les annonça à mesure qu’elles passaient, lentes et lourdes, et peu à peu l’acuité des sensations d’Élisabeth s’engourdit dans une pesante torpeur physique. Elle avait épuisé depuis longtemps toutes les conjectures possibles, et, à force de les prendre et de les reprendre, de les retourner en tous sens, elle ne saisissait presque plus leur signification. Tout était confusion en elle et autour d’elle.