Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/268

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d’insaisissables mots de regret et d’excuses, il prit congé.

Élisabeth rentra lentement dans ses chambres vides, désolées, où jamais, jamais plus le bonheur qu’elle avait connu dans des heures de mensonge, courtes et rares, ne devait revenir, même en passage, s’asseoir à côté d’elle.

Elle avait à présent la pleine connaissance de son malheur, la certitude d’être, après tout le reste, livrée seule à une défaite honteuse. Elle s’écria :

— Le misérable ! le misérable !

Et la vision de sa mère, mordue par une décrépitude anticipée, dépouillée de sécurité en face de la vieillesse, vint lui écraser le cœur d’un fardeau de regrets brûlants, mais toujours inertes, sans qu’elle réussît à leur trouver une expression quelconque.

Elle lutta un moment avec elle-même, essayant d’arracher à ses instincts un consentement, ou, tout au moins, une complaisance qui lui permît de tromper sa mère