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Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/269

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sur l’incurable ressentiment de son cœur, mais elle se heurta à l’invincible résistance intérieure, toujours la même, irréductible.

Il lui était impossible de jouer la comédie du respect, et, sans respect, l’amour filial n’existait pas. Il se transformait selon les cas en agression, sourde ou aiguë, en pitié froide, en remords brûlants, mais le souffle de la vie, l’élément nécessaire lui manquait. Elle se figura la rencontre prochaine avec sa mère, l’inévitable explication où la nudité de son cœur, dépouillé des chiffons d’orgueil dont elle l’avait jusque-là enveloppé, paré et travesti, s’étalerait honteusement, et elle s’écria :

— Qu’est-ce que je lui dirai, mon Dieu ! Qu’est-ce que je pourrai bien lui dire ?

Et prise d’une insupportable détresse, elle se tordit les mains, ne voyant aucun moyen de traverser l’impasse où elle allait se trouver acculée, d’en sortir sans mentir, sans ajouter à l’infamie d’André l’hypocrisie d’une fausse attitude. Cela c’était impossible.