Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/274

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— D’où viens-tu ?

Posant des yeux surpris, un peu inquiets, sur la questionneuse, la mère répondait invariablement :

— De dehors.

Et dans le ton bref, décidé, il y avait une telle volonté de silence qu’Élisabeth n’osait rien ajouter. Elle refoulait le cri toujours prêt à s’échapper de ses lèvres : « Tu crois que je ne sais rien, et je sais tout ; je t’ai dépouillée, et tu travailles, et j’acccepte encore pour un temps, moi, à cause de l’enfant, oui, à cause de ce petit être qui t’appartient autant qu’à moi. »

Tous les jours lorsqu’elle ne voyait plus devant elle le visage détruit, avec sa fixité douloureuse, la jeune femme se disait : « Pourquoi est-ce que je n’ose pas ? De quoi est-ce que j’ai peur ? » Et elle décidait : « Aujourd’hui je lui parlerai, oui aujourd’hui. Dès qu’elle sera rentrée, je lui parlerai, je lui dirai tout. »

Mais à peine entendait-elle le pas traînant