Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/281

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temps… et pourtant je continue à manger ton pain… sans oser même te remercier. Je ne peux plus vivre dans ces conditions ; il est impossible que cela dure plus longtemps. Laisse-moi aujourd’hui te dire… t’expliquer…

— De toi à moi, Élisabeth, interrompit la mère… des mots !

En même temps, elle se dirigea vers la fenêtre et, l’œil fixé sur la bande de ciel qu’on apercevait entre l’angle des toitures, elle réfléchit un instant, puis elle dit, très calme :

— Je n’ai fait que mon devoir envers toi ; tu ne me dois rien. Je n’ai fait que ce que je devais faire. Je n’aurais pas pu faire autrement. Tu ne me dois rien, rien.

Elle ajouta, après un silence :

— Ce qu’une mère fait pour son enfant, elle ne pourrait pas ne pas le faire, comprends-tu ? Elle ne pourrait pas. Tu vois bien que tu ne me dois rien.

Élisabeth resta silencieuse. Tous ses efforts de volonté et d’intelligence étaient de chimériques artifices pour égarer la clairvoyance