Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/63

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Elle se leva. Depuis qu’elle avait quitté sa vie laborieuse, il arrivait très rarement qu’Élisabeth ne fût pas avec elle. Il ne fallait pas laisser échapper ce moment fugitif, il fallait, coûte que coûte, arracher sur-le-champ la vérité à Gertrude.

Elle tourna son visage de façon à ce que Gertrude ne la vît pas, et elle resta un moment rêveuse.

Tant de choses qui dormaient depuis longtemps dans le silence et, en apparence, dans l’oubli, allaient être remuées au fond de leur tombeau, tant de choses auxquelles elle aurait voulu ne jamais, jamais penser, qu’elle avait crues anéanties, effacées de toutes les mémoires.

Étouffant le son de sa voix, afin qu’Élisabeth ne pût pas, de la chambre voisine où elle l’entendait aller et venir, saisir le bruit des paroles, elle dit enfin avec effort :

— Pourquoi ne pas aimer l’enfant comme la mère, Gertrude ? Ce n’est pas juste, c’est mal. Pourquoi ?