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Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/69

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Sa poitrine se souleva comme si elle allait pleurer, mais elle refoula ses larmes. L’œil soupçonneux d’Élisabeth aurait découvert sur ses joues la trace humide ; il ne fallait pas que l’enfant devinât rien de son émotion.

Elle fixa un moment sur Gertrude un regard noyé qui semblait dire : « Je voudrais parler, mais je ne peux pas. » Puis brusquement elle se décida ; elle saisit dans les siennes la grosse main dure qui seule s’était tendue à l’heure de la honte, et elle murmura :

— Merci !

En ce moment une ligne bleue lacéra l’épais nuage noir et presque aussitôt un craquement violent secoua les vitres. La pluie, légère jusque-là, s’abattit tout à coup en masse compacte. L’eau bondissait sur l’appui des fenêtres, rejaillissait en éclaboussures, se précipitait en cataracte sur le pavé. En un clin d’œil, la rue déserte fut un ruisseau débordant et fangeux.

Élisabeth entra vivement :

— Oh ! Maman !…