Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/73

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Mme Georges pensive, Gertrude ne m’a jamais quittée. Nous avons passé ensemble des jours difficiles, et elle est restée à côté de moi sans se plaindre. Elle m’a tout sacrifié. Je ne peux pas oublier cela, comprends-tu ?

— Elle t’a tout sacrifié, répéta Élisabeth lentement, et moi, toute petite, elle me haïssait déjà. Et toi, tu l’aimais.

Mme Georges passa son bras autour de la taille grêle et sèche, et entraînant Élisabeth, elle la fit asseoir à côté d’elle sur le canapé, mais elle n’osa pas l’attirer sur son cœur. L’inconnu que cachait cette âme inquiète, cet ennemi mystérieux qu’elle ne parvenait pas à démasquer était revenu prendre sa place offensive vis-à-vis d’elle. Elle n’arracherait dans ce moment à Élisabeth aucun signe extérieur de sensibilité, non ; tous ses efforts échoueraient, se briseraient contre la volontaire inertie de son enfant.

— Quand tu es entrée tout à l’heure, reprit-elle enfin après un silence, Gertrude et moi parlions des jours d’autrefois… des jours