Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/88

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— Elisabeth, si dans le passé j’avais eu un tort envers toi, un tort si grand que je ne pourrais jamais, jamais l’effacer, pourrais-tu pardonner, toi ? Aurais-tu le courage de pardonner ? Non, non, ne réponds pas encore… pas encore… il faut me laisser finir à présent, ou je ne pourrais plus…

Elle se recueillit quelques secondes, tâchant de dominer son agitation, et elle reprit du même ton sourd et saccadé :

— Pouquoi tu t’appelles Élisabeth ? Tu n’as pas d’autre nom, comprends-tu ?… Comprends-tu ?… Parle-moi, dis-moi quelque chose, mon enfant… mon enfant…

Il y eut dans l’obscurité quelques minutes de silence écrasant, comme si Élisabeth eût reçu sur le crâne un coup de massue qui la rendait stupide. Enfin elle murmura faiblement :

— Maman… Maman !

Elle n’avait pas eu un instant d’incertitude. Sans hésiter, son imagination, depuis si longtemps active autour de toutes les possibilités,