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le garde-voie

avait partout, à la surface de la coupole bleue du ciel, plus loin dans l’infini mystérieux et jusque tout au fond du vide, où elles brillaient comme de petits points d’or, perdus et tremblotants dans le néant.


II


Catherine fut la première à s’éveiller. Il faisait grand jour et elle se leva vite sans bruit, retenant jusqu’à son souffle pour ne pas troubler le repos de Jérôme. En ouvrant les yeux, elle avait repris conscience de son chagrin, et tout en ranimant le feu, balayant la chambre et vaquant à tous les soins ordinaires de son ménage, elle songeait à la scène de la nuit avec un frémissement d’horreur et d’indignation.

Il faisait toujours très froid. Les vitres, couvertes de givre, ne laissaient voir que l’éclat blanc de la neige, mais on devinait la présence du soleil quelque part à l’horizon, d’un soleil inactif qui ferait son voyage autour du ciel sans entamer la blanche parure de la campagne.

Catherine entr’ouvrit la porte. Autour du seuil, la neige foulée trahissait les allées et venues du visiteur nocturne. Elle jeta un regard attentif sur le visage