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le garde-voie


III


L’hiver s’acheva lentement et le printemps aussi passa.

Autour de la demeure du garde, des fleurs d’été, bigarrées et odorantes, commençaient à s’ouvrir. La clématite blanche grimpait le long des murs en s’accrochant aux aspérités de la pierre, et des capucines, aux tons crus, éclataient partout sur le fond éteint de leurs larges feuilles pâles. Au gré de leur caprice, elles projetaient jusque sur la terre dure des sentiers leur floraison envahissante. Aucune main n’avait, cette année-là, réprimé leur vitalité exubérante, personne n’avait pris soin de leur assigner des bornes définies ; elles fleurissaient librement sous la poussée de la sève d’été.

Dans la campagne, la solitude et le silence continuaient de régner. Pourtant, de loin en loin, un aboiement bref éclatait tout près de la maisonnette. L’oreille fine du chien avait saisi le passage de paysans venant travailler à la terre. Il allait flairer l’air du dehors en grognant sourdement jusqu’à ce que Catherine le rappelât auprès d’elle. La femme du garde et le