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les ignorés

solitude de sa retraite, si plongée dans sa peine qu’elle ne songeait pas même aux secours lointains de la religion. L’heure présente l’absorbait tout entière, la meurtrissant dans le passé, la menaçant dans l’avenir, et elle s’abandonnait au désespoir, la tête cachée dans ses mains.

Tout à coup elle tressaillit. Un souffle chaud venait de lui caresser la joue. Elle découvrit brusquement son visage. En face d’elle, les yeux luisants d’impatience, le chien couleur de feu la regardait fixement. Dès qu’il vit la figure de Catherine sortir de sa cachette, il aboya bruyamment en posant sur ses genoux une lourde patte jaune.

Catherine prit dans ses deux mains la tête intelligente et la pressa contre sa poitrine.

— Mon beau… mon beau…

La présence de cet animal, l’alliance tacite qui venait de se conclure entre eux, enlevait quelque chose à l’horreur de son attente solitaire. Ses larmes jaillirent enfin, pressées et bienfaisantes.