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Page:Pradez - Les Ignorés.djvu/171

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le garde-voie

étonnement poignant. Elle commença d’une voix entrecoupée d’émotion :

— C’est là tout ton regret de ce que tu as fait, du mal que tu as fais volontairement à ton père et à…

Mais sans même achever sa phrase, elle s’interrompit net. Dans le carré clair que la fenêtre coupait dans l’ombre, elle venait de voir passer la silhouette de Jérôme. Distinctement elle l’avait vue apparaître un instant sur le fond gris de l’air et aussitôt la pensée que le père avait assisté, invisible, à son entretien avec le fils, qu’il avait reconnu la voix et saisi les paroles la glaça d’épouvante. Son horreur pour l’audace endurcie de ce drôle et son âpre désir de réhabilitation étaient balayés par la crainte d’une explication immédiate entre le père et le fils. Elle saisit le bras de Jules des deux mains et elle poussa le jeune homme du côté de la porte :

— Va-t’en, va-t’en…

Et comme il restait immobile avec un vague sourire de pitié sur ses traits anxieux, elle poursuivit en indiquant du doigt la fenêtre derrière laquelle Jérôme, tapi comme un chasseur à ï’affut, les surveillait, sans doute, elle poursuivit hâtivement :

— Ton père… ton père… je l’ai vu, il est là. Il ne faut pas qu’il te voie. Va-t’en… Laisse la porte ouverte… tout ouverte.

Jules pâlit affreusement et comme si les craintes de Catherine n’avaient rien d’exagéré à ses yeux, il cou-