Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 101 —

Et il alla jusqu’à la fenêtre regarder, au loin, s’étendre la plaine et, tout près, s’effeuiller les arbres roussis par l’automne. Puis il revint à Germaine et lui dit abruptement :

— J’ai enfin eu des nouvelles aujourd’hui. Il est arrivé sain et sauf à Marseille.

Et d’un ton de plus en plus agressif, il continua sans reprendre haleine :

— Autrefois, quand je parlais d’envoyer cet enfant au loin, votre silence et votre attitude protestaient, mais, depuis qu’il a disparu, vous n’avez plus une pensée pour lui. Qu’il vive ou qu’il périsse, qu’il soit content de son sort, ou qu’il se ronge de regret, que vous importe ! Vous aussi vous avez changé ou, en vérité, je ne vous ai jamais connue. Pourquoi donc n’aimiez-vous pas cet enfant qui vous avait été confié à vous… à vous… Si vous aviez eu le courage de le défendre, je n’aurais pas aujourd’hui cette amertume…

Un flot de sang empourpra le teint blanc de Germaine. Elle demeura quelques secondes assommée par le reproche inattendu, puis elle éclata à mots hâchés :

— C’est mal… ce que vous faites… Philippe… c’est faire renaître… sous une forme nouvelle… la persécution que… vous m’avez