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Deux ans de pension ne pouvaient être que favorables au développement intellectuel d’Isabelle et cet espace de temps suffirait à Germaine pour s’adapter à son nouveau milieu. Il pourrait lui-même satisfaire librement le caprice violent qu’il avait éprouvé pour la jeune veuve lors de leur mariage, et quand la petite fille, après un court exil, viendrait reprendre sa place dans la maison paternelle, son retour serait une joie pour tout le monde.

Les choses s’étaient passées à peu près comme il les avait prévues ; seulement, il n’avait pas anticipé l’ardeur impatiente de son désir. Aujourd’hui qu’il avait retrouvé le complet équilibre de son esprit, Isabelle ne lui semblait plus un tiers incommode, sa présence entre Germaine et lui devenait plutôt un lien, désiré et nécessaire. Le retour de la fillette éclairait l’horizon. C’était l’aube d’une ère apaisante. Germaine ne pourrait plus à l’avenir consacrer la meilleure partie de son temps à entourer de soins méticuleux un être qui n’avait pas une goutte de leur sang ni à l’un ni à l’autre. Elle serait bien forcée de s’occuper aussi de la petite fille. Ainsi le sourd ferment de discorde que créait entre eux la présence de cet enfant étranger per-