Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 128 —

fiançailles avec Isabelle, il n’avait pas cessé une minute de souffrir de cette même manière sourde et confuse. Il refoula avec effort la parole amère qui montait à ses lèvres et il dit simplement :

— J’ai reçu une seconde lettre de ma mère, Isabelle. Elle parle beaucoup de vous. Faut-il vous la lire ?

Elle accepta vivement et ils s’installèrent au pied d’un roc abrupt dressant derrière eux son flanc lisse. Autour de l’abri solide, le vent sifflait sans les atteindre.

Jacques lut d’un bout à l’autre l’épître maternelle, où chaque ligne ramenait le nom d’Isabelle. Quand ce fut fini, la jeune fille murmura :

— Merci. Comme elle est bonne !

— Puis elle se tut. À ses pieds, un amoncellement d’algues trempées gisait en désordre, et du bout de son ombrelle elle remuait ce tas de varechs rejeté par la mer, elle piquait, ici et là, les lourdes grappes jaunes ou bien elle les soulevait lentement, et brusquement les retournait. À chacune de ces attaques, de tous côtés, un fourmillement d’insectes s’échappaient, sautant, se démenant.

Elle dit enfin :