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aujourd’hui. Mais je n’osais pas. Vous me traitiez comme une petite fille un peu fantasque à qui il faut passer ses caprices pendant qu’elle se développe avec effort. Plus tard, quand j’ai été plus grande, je n’osai pas davantage. Vous ne me questionniez jamais, et je ne savais comment aborder ce sujet qui semblait volontairement banni par tout le monde.

Pourtant depuis ce moment, sans vous en douter, vous avez été celui à qui, dans mes heures d’angoisse, je songeais toujours, en me disant : « Un jour, je lui dirai tout ».

Et maintenant ce jour est venu. »

Jacques l’attira brusquement à lui. Pour la première fois une bouffée de joie, de vraie joie lui montait au cerveau :

— Isabelle, ma chérie, merci de m’avoir depuis si longtemps donné votre confiance. Je ne la tromperai pas. Coûte que coûte, je vous rendrai le bonheur perdu, je vous le promets ; continuez.

Sans résistance, elle laissa sa main dans celle de Jacques, une petite main très froide sous le gant de peau claire et elle reprit :

« Le lendemain de ce jour, le soleil si brillant la veille avait disparu. Nous touchions à