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la fin d’avril. Après un commencement de printemps chaud, le froid revint, piquant. Des torrents de pluie glacée ruisselaient le long des vitres, et maman ne me permit pas d’aller à l’école. Lucien non plus ne quitta pas sa chambre.

Quand j’eus fini mes devoirs, je m’assis à côté de la fenêtre, selon mon habitude depuis que j’avais cessé de courir partout comme un écureuil libre et joyeux.

Avec une ténacité d’esprit fatigante, je songeais aux paroles de papa surprises la veille : « Il a voulu partir, il partira ». Et je me les répétais sans cesse. De temps en temps, je les intervertissais : « Il partira, il a voulu partir ».

Tout à coup j’entendis résonner sur les dalles du vestibule un pas ferme, bien connu. Je me levai brusquement. Une résistance de tout mon être me dressa sur mes pieds et, les yeux fixés sur la porte, j’attendis impatiemment qu’elle s’ouvrît. Mais elle resta fermée. Papa s’était éloigné sans même s’arrêter sur le seuil. Je me rassis désappointée tandis que la pluie mêlée de neige continuait de battre les vitres par saccades violentes et que l’eau se précipitait le long des gouttières avec un bruit de cascade.