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de cette blonde délicate dont les yeux bleus, très ouverts, regardaient droit devant eux des choses passées, et leur souriaient d’un sourire heureux.

Que de fois, dans ses heures de solitude, devenues si fréquentes pendant les derniers mois, Germaine avait interrogé ce témoin, toujours bienveillant, de ses craintes et de ses incertitudes ! Remplaçait-elle auprès de Philippe la mère d’Isabelle ? Elle questionnait l’image muette, ardemment : « Dis-le moi, mais dis-le moi ! » Et le sourire des lèvres entr’ouvertes la poignait comme une réponse moqueuse à d’exorbitantes prétentions.

Mais ce jour-là quelque chose d’autre que cette vague jalousie rétrospective l’agitait et c’était en proie à un trouble mieux défini qu’à l’ordinaire qu’elle contemplait les traits purs de la première femme de Philippe. La sérénité immuable de ce visage, aux lignes fermes, la pénétrait d’un sentiment très amer d’envie et de regret. Elle-même ne connaîtrait plus cette paix parfaite de la pensée. Pour la première fois, Philippe avait manifesté ouvertement son antipathie pour l’enfant qu’elle avait amené avec elle dans la maison. Quoi qu’elle pût faire pour adoucir les chocs jour-