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naliers, le contact entre lui et l’orphelin serait désormais un supplice continuel et, dans cette lutte sans cesse renaissante, l’amour chancelant de Philippe succomberait, épuisé. La fille de cette femme blonde n’arrivait-elle pas juste à temps pour capter les affections hésitantes de son père ? Elle se leva et alla regarder de plus près le portrait. Ah ! pourquoi n’était-elle pas venue, comme la mère d’Isabelle, occuper sa place à côté de Philippe libre de tout lien ? Elle aussi aurait pu conserver ce sourire confiant, heureux. Oui, sans l’éternelle présence de cet enfant maladif, entre Philippe et elle, le je ne sais quoi d’obstinément étranger, qui avait couvé à travers deux années d’intimité et donnait aujourd’hui des signes inquiétants de vie, se serait évaporé en fumée. Mais ce sujet d’irritation établi d’une façon permanente à leur foyer attisait sans, cesse le mécontentement de Philippe et l’acculait elle-même à une impasse sans issue. Que fallait-il faire pour sortir de cette difficulté sans rompre les engagements formels qu’elle avait pris au sujet de Lucien ?

Le front tourmenté d’incertitude, elle tourna brusquement le dos au portrait dont l’impassible sourire irritait son anxiété. Dehors, l’im-