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Lucien. Par moments, il me semblait qu’elles l’avaient pris et qu’elles l’engloutissaient avec fracas tout au fond de l’eau furieuse dans la nuit et le froid. À la fin, affolée par le bruit grandissant de cet affreux ouragan, je quittai en courant la chambre écartée où je me trouvais pour aller me réfugier auprès de papa. Un bruit de voix venait de la bibliothèque. J’ouvris la porte, mais le vent la repoussa brusquement contre moi et à l’intérieur j’entendis une fenêtre qui se fermait avec fracas. Au même instant papa disait : « À présent, Isabelle, tu peux entrer ». Il faisait tout à fait nuit dans la chambre et j’errais en tâtonnant au milieu de cette complète obscurité. Je ne voyais rien que le rectangle de la fenêtre coupant une éclaircie dans les épaisses ténèbres.

Papa me dirigeait :

— Ici, ici…

À la fin, je le découvris et tout de suite je me cramponnai à son cou, en balbutiant pleine d’anxiété :

— Ce vent… ce vent… Est-ce que Lucien…

Il me détacha de lui doucement et me dit :

— Ne t’inquiète pas ; il n’y a aucune raison de se tourmenter.

Je ne voyais pas distinctement son visage,