En ce moment Joseph entra, apportant de la lumière, et maman le suivit presque aussitôt. Nous restions tous les trois silencieux. Papa se promenait de long en large avec agitation sans nous regarder. Enfin, il s’arrêta près de la porte et s’écria :
— On étouffe dans cette chambre ; j’ai une chaleur à la tête !… Je vais faire un tour dehors.
Et comme maman essayait de l’en dissuader, alléguant le vent, il se fâcha :
— Qu’on ne me parle plus du vent aujourd’hui ! Voilà des heures que nous ne disons pas autre chose. On ne peut pas se débarrasser de ce garnement ! J’en ai assez pour aujourd’hui.
Et il s’en alla. »
Isabelle demeura quelques secondes rêveuse, puis elle reprit lentement :
« Quelques semaines plus tard, papa m’apporta la nouvelle que le bâtiment où se trouvait Lucien n’avait subi aucune avarie et qu’il avait atteint Marseille sain et sauf ; mais à la lettre adressée au voyageur à cette étape, à cette lettre où papa le sollicitait de renoncer à la carrière maritime si elle lui déplaisait et d’en choisir une selon son cœur, à cette lettre