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Isabelle ! Il me semble que je la vois, telle qu’elle était quand je l’ai amenée ici. Cela me fait presque mal, mon enfant. Ah ! qu’elle serait heureuse, elle aussi, de te donner à un homme tel que Jacques ! Dis-le-moi pendant que nous sommes seuls et qu’elle nous écoute comme quand tu étais toute petite : tu l’aimes, n’est-ce pas ?

Isabelle balbutia :

— Après tout ce qu’il a été pour moi… tout ce qu’il a fait pour nous… Oh ! oui, je l’aime… je l’aime de tout mon cœur.

Et tout à coup, cachant sa tête entre ses mains, elle fondit en larmes.


Sur la route naguère pleine de monde et de bruit, Jacques s’en allait droit devant lui. Le silence régnait à présent le long du chemin plat et monotone, mais, du côté du bourg illuminé, la clameur des instruments et les craquements du feu d’artifice continuaient. Sans s’en apercevoir, Jacques se dirigeait de ce côté. Ce ne fut que lorsqu’il eut atteint le proche voisinage de la fête qu’il distingua les éclats de gaieté des buveurs de bière, le rire strident des paysannes émoustillées et bavardes, le son aigre des fifres, le grincement des violons et