le bourdonnement confus de cette fourmilière en joie. C’était ce spectacle-là qu’Isabelle avait convoité lorsqu’ils étaient seuls dans la paix ombreuse du grand parc ! Il s’éloigna rapidement, le cœur déchiré. Tout ce qui avait constitué jusque-là le bonheur tranquille de sa vie, son travail, l’utile emploi de ses heures, l’effort constant de ses énergies tendu vers le même but, tout cela lui inspirait à cette heure un dégoût et une fatigue insurmontables.
Il réfléchit un moment qu’on l’attendait, en effet, ce soir-là, de l’autre côté de la ville, mais, si souvent on l’appelait auprès de la jeune Fisch sans raison suffisante, simplement pour l’égayer, la remonter quand le mal inguérissable qui la minait l’abattait plus qu’à l’ordinaire ! Ce soir-là, il ne réussirait pas même à la faire sourire. À quoi bon aller l’attrister par son attitude préoccupée ? Non, il n’irait pas. Il se remit à songer à son récent entretien avec Isabelle, l’esprit torturé.
Au-dessus de sa tête, le ciel étalait sa riche moisson d’étoiles et le silence des champs déserts régnait de nouveau absolu. Il s’en allait à grands pas du côté de la ville, s’efforçant d’étouffer les rumeurs sourdes que l’attitude et les paroles d’Isabelle avaient fait naître au fond de sa conscience.