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Et ramenant brusquement son regard noir, scrutateur sur Philippe, il ajouta rapidement :

— Tout à l’heure, j’ai vu Isabelle s’en aller du côté des étangs. C’était une de nos promenades favorites ! Me permettez-vous, sans me suivre de cet œil de blâme qui nous oppressait tant autrefois, me permettez-vous d’aller la rejoindre, de lui expliquer moi-même ma conduite, de me justifier ?

Tout en parlant, son œil attentif ne quittait pas le visage assombri de Philippe.

Philippe murmura, le timbre altéré :

— Allez !

Et il resta debout devant la fenêtre, regardant distraitement s’étendre les ravages de l’automne. Quelques carrioles passaient sur la route, et, l’oreille tendue, il suivait leur roulement assourdi, attendant avec anxiété le moment où le coupé de Jacques entrerait dans la cour.

Lorsque Jacques viendrait tout à l’heure lui demander, confiant et tranquille : « Où est Isabelle ? » que lui répondrait-il ?

Mais en ce moment même, Jacques traversait à pied la vaste pelouse où, alanguies sur leurs tiges, les dernières fleurs d’été se mouraient. Avec la hâte étrange de souffrir que