l’odeur particulière de la terre riche et grasse, et toutes ces choses le remplissaient de joie. Au milieu d’elles, le joug de sa vie incolore ne lui pesait plus. Elles lui appartenaient, il les aimait de toute la force de son âme solitaire et craintive.
Tout à coup, au milieu de l’épanouissement de toutes ces fleurs bigarrées, il revit la petite fille blonde dardant sur lui l’éclair étonné de ses prunelles d’azur, tandis qu’elle s’écriait, joyeuse :
— Ah ! ah ! mais c’est un tout petit garçon, ça !
Elle était assise en face de lui, entre M. et Mme du Plex, et, pendant l’interminable repas, ses grands yeux fixes ne l’avaient pas quitté un seul instant. Cette attention soutenue l’avait beaucoup gêné. Sans qu’il sût pourquoi, l’exclamation surprise de la fillette l’avait aussi vexé. Il était pourtant très habitué à être jugé par sa taille et traité partout comme un enfant. Mais, en présence de M. et Mme du Plex, ce cri spontané l’avait singulièrement froissé.
Un peu plus tard, Isabelle, levant vers son père sa figure rose, fine, jolie, avait dit tranquillement :