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l’enveloppait de tant d’amour et de chaleur que l’indifférence de Germaine l’effleurait à peine. Ce n’était que lorsque son père lui avait manqué, du jour au lendemain, qu’il s’était tourné vers elle, sûr de trouver chez un autre être l’écho de sa propre désolation. Mais Germaine n’avait point eu de larmes, et juste un an après son veuvage, elle avait épousé M. du Plex.

Depuis ce moment, pour ne pas trop les oublier, il se répétait tous les jours les paroles prononcées par son père la nuit où Germaine était venue l’arracher brusquement au sommeil. D’une voix presque insaisissable, le mourant avait murmuré : « Elle veillera sur toi, elle te gardera auprès d’elle… il faut l’aimer… l’aimer comme ta propre mère ! »

Il resta longtemps l’œil fixe, les lèvres tremblantes, tâchant de refouler dans le silence quelque chose qui montait, cherchait une issue, voulait à toute force éclater, puis il dit :

— Je ne peux pas… je ne peux pas…

Il ajouta sourdement :

— Tu vois bien que je la gêne, elle aussi !

Et tout à coup, il se jeta à terre tout de son long et, la figure enfouie dans le sable, il sanglota.