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III


Trois mois avaient passé, et aux chaleurs suffocantes de l’été un automne triste succédait. Le sol, dépouillé de son riche manteau de moissons, étalait jusqu’à l’horizon sa surface déserte, nue, aux tons roux et desséchés. Toute la journée, un soleil blafard avait circulé, presque invisible derrière les vapeurs. Il venait de disparaître tout à fait. L’air était atone, gris, mais de temps en temps une brusque rafale de vent le secouait.

Après avoir, comme d’habitude, établi Isabelle devant ses cahiers, Germaine sortit de la chambre. Elle demeura un instant hésitante dans le large vestibule désert, puis elle le traversa rapidement, descendit les degrés du perron et alla inspecter la route vide.

Patiemment, elle resta à son poste d’observation jusqu’à ce qu’elle distinguât enfin sur l’interminable perspective blanche un point noir mouvant. Elle le regarda grandir jusqu’à ce qu’elle eût acquis la certitude qu’elle ne se