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son nom devant vous. Mais, puisque vous avec mal interprété ce silence, je vais vous mettre en deux mots au courant de tout ce qui concerne cet enfant. Vous ne pourrez plus me reprocher de me cacher volontairement de vous. Non, cela, au moins, vous ne pourrez plus me le reprocher.

Elle poursuivit rapidement :

— J’avais un engagement à tenir au sujet de Lucien. J’avais promis au père mourant de veiller sur lui comme s’il était mon propre fils, de le garder jusqu’à sa majorité, moment où, si je me remariais, la fortune paternelle lui reviendrait tout entière. Je m’étais engagée à ne pas contrarier ses goûts et à le pousser, si possible, du côté des études. Autrefois, il aimait les choses de la nature. Il pouvait s’amuser pendant des heures à regarder aller et venir une fourmi. Mais, plus tard, il est devenu indéchiffrable même pour moi. Je ne savais plus ce qu’il aimait, cet enfant, ni ce qu’il désirait secrètement et, dans cette ignorance, je l’ai laissé partir. Il me semblait que, lui disparu, l’obstacle entre nous s’écroulait. Il est parti depuis quelques heures à peine et déjà vous me reprochez l’attitude d’Isabelle !