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avec sa récente ivresse que Germaine resta un moment silencieuse, s’efforçant avant de répondre de rétablir l’équilibre perdu de ses pensées ; elle dit enfin, amère :

— Vous me tourmentez, Philippe. Dites-moi clairement ce que vous me reprochez, que je puisse me défendre ou confesser mes torts. Je n’ai jamais pu aimer cet enfant comme j’aurais dû, jamais, jamais. Maintenant qu’il est parti, allez-vous me poursuivre de son fantôme jour et nuit ?

— Pourquoi ne pas vous expliquer clairement vous-même ? se récria Philippe vivement. Voilà des semaines que vous ne dites pas un mot de ce que vous pensez ! J’aimerais mille fois mieux des reproches directs et précis, de la colère et des larmes, que cette attitude indécise où votre sentiment intime, le vrai, me glisse entre les doigts sans que je puisse jamais le saisir.

Il traversa la chambre d’un pas nerveux et alla regarder dehors souffler le vent. De grands nuages déchirés couraient sur le ciel gris. Germaine le suivit.

— Cela vous exaspérait d’entendre parler de ce garçon, dit-elle les lèvres tremblantes ; j’évitais exprès toutes les occasions de prononcer