Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 6 —

tait sous le toit de M. du Plex, qu’il laissait, sans s’en apercevoir, passer l’heure de s’échapper. D’ordinaire, il attendait avec impatience la minute de délivrance où, sans éveiller d’observation étonnée, il pouvait se faufiler dehors et prendre, à travers la campagne plate, tantôt féconde et fleurie, tantôt inerte sous la neige, le chemin de la ville.

Dès qu’il eut franchi le seuil de la maison, il se mit à courir à toutes jambes. Presque une lieue le séparait de son but, et pour atteindre le collège avant la fermeture des portes, il n’avait plus une minute à perdre. Il courut sans reprendre haleine jusqu’à ce que le bâtiment aux murs massifs l’eût englouti dans ses flancs.

Dans la chambre à manger où M. et Mme  du Plex étaient restés seuls vis-à-vis l’un de l’autre, un silence avait suivi la disparition de l’enfant. M. du Plex le rompit enfin brusquement :

— Quel âge a-t-il au juste, ce garçon ? Depuis qu’il est ici, il n’a pas grandi d’une ligne. On lui donnerait à peine douze ans.

— Il en aura seize dans quelques mois, répondit Mme  du Plex brièvement.

Et ses yeux bruns, inquiets, errèrent sur