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Des domestiques, vaquant au nettoyage matinal de la maison, circulaient dans les corridors et chuchotaient étonnés. Germaine courut fermer la porte. Peu à peu le chagrin bruyant d’Isabelle se calma. Philippe l’avait assise sur ses genoux et il lui parlait à l’oreille, tout bas, tendrement ; mais tout en l’écoutant d’un air attentif, l’enfant gardait un visage sérieux, tendu, inapaisé, ses lèvres serrées restaient muettes.

Germaine écouta quelques instants le murmure monotone des mots se poursuivre sans interruption, tandis que, dans sa tête fatiguée, des pensées amères s’entre-croisaient ; mais, voyant que l’explication se prolongeait et menaçait de durer jusqu’au départ d’Isabelle pour l’école, torturée d’impatience, elle alla jusqu’à la fenêtre et fixa son œil brillant sur l’étendue sans fin des champs. Elle comptait les minutes, les hâtait fiévreusement, le cœur plein d’un désir unique, violent : forcer Philippe à une explication immédiate, nette et complète ; savoir clairement d’où venait l’exaspération contenue qu’elle percevait dans chacune de ses paroles ; se disculper à ses yeux une fois pour toutes et entièrement.

Mais lorsque, enfin, l’heure désirée sonna,