Philippe au lieu de laisser Isabelle partir comme à l’ordinaire sous l’escorte de Joseph, fit atteler le phaéton et y monta à côté d’elle.
Germaine resta seule. Tant qu’elle put l’apercevoir sur la route déserte, elle regarda fuir du côté de la ville le véhicule où si souvent, dans les premiers temps de son mariage, elle avait parcouru le pays en compagnie de Philippe, puis elle rentra, cacha sa tête dans ses mains et pleura.
Durant tout le trajet qui les séparait de la ville, Philippe et Isabelle n’échangèrent pas une syllabe. Le visage toujours tendu et triste, la fillette regardait droit devant elle, l’air sérieux, et le père la considérait de temps en temps à la dérobée, mais sans chercher à renouer l’entretien interrompu. L’attitude pensive d’Isabelle, si extraordinaire chez l’enfant gaie et remuante qui naguère remplissait de bruit la maison, paralysait l’habituel entrain de leur causerie à deux. La présence de Joseph les gênait aussi. Cet homme silencieux qui recueillerait chacune de leurs paroles semblait pour la première fois, au père et à la fille, un incommode témoin.
Jamais cette course à travers la campagne