Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 74 —

donnant à son neveu une belle fortune, toute en terres sur un sol plantureux.

Quelques mois après cet événement, Philippe était allé chercher, dans la petite ville de province où il était né, la mère d’Isabelle que son âme neuve de garçonnet avait autrefois adorée et dont sa mémoire d’homme conservait l’image parmi ses meilleurs souvenirs.

Il avait vécu deux ans dans l’ivresse d’un sentiment pur et partagé. Au sortir de sa vie d’étudiant, où tant de choses malsaines se humaient dans l’air, la paix de son ménage l’avait pénétré d’une félicité intense. Il avait appris à aimer, en vérité, ce sol plat où s’alimentaient ses abondantes moissons. À côté de sa première femme, la tranquillité sereine de son ciel sans orages ne lui avait jamais paru pesante ni monotone.

À la fin de la deuxième année, l’enfant impatiemment désiré était venu au monde, mais en coûtant la vie à la mère.

Philippe avait sincèrement pleuré sa jeune femme pendant quatre pleines années, adorant tous les jours davantage la petite fille blonde dont les traits fins, le teint rose, le regard bleu rappelaient d’une façon si saisissante la mère.