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blonde aux cheveux flottants ; elle attacha un moment ses prunelles claires, questionneuses, sur le visage de son père, puis elle se détourna et dit :

— Je ne peux pas deviner, moi. Pourquoi ?…

— Aujourd’hui, mon enfant, je puis enfin te rassurer. Il n’y a plus aucune inquiétude à avoir au sujet de Lucien. Le navire a touché Marseille. Es-tu contente ?

Isabelle ne répondit rien et son visage ne trahit aucune joie. Il resta soucieux et fermé. Philippe continua :

— À présent, Isabelle, tu vas retrouver ta gaieté, n’est-ce pas ? Il est temps d’en finir avec toutes nos chimères. J’étais si heureux de t’apporter cette nouvelle, et tu ne me réponds même pas ! Pourquoi n’es-tu pas tout à fait contente, voyons ?

Et, impatienté du silence obstiné de l’enfant, il la stimula :

— Mais parle, au moins ! Dis quelque chose. Qu’est-ce que tu voudrais, voyons ?

Isabelle murmura sourdement :

— Lucien n’aimait pas à s’en aller ainsi tout seul bien loin.

À son tour, Philippe garda le silence. Au bout d’un instant, Isabelle demanda :