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LE MARI DE LA POÉTESSE

car Valmore continuait de rimailler, et l’on retrouve dans Le Kaléidoscope deux pièces exécrables de sa composition : À Celle que j’aime et Le Bal.

Cependant l’heure n’était plus aux beaux rêves… Un de ces brusques accidents dont est semée l’existence incertaine des artistes les rejetait au hasard. La mort du directeur Fourès fermait le Grand Théâtre provisoirement, les obligeait à regagner Lyon. Ils s’y attardèrent le moins possible, rallièrent Bordeaux au bout de peu de temps, avec moins d’argent et plus de charges. Il avait fallu reprendre la petite Hyacinthe qui venait d’être sevrée, et Marceline enceinte allait encore accoucher d’une autre fille, le 24 novembre : celle-là on l’appela Inès, sans doute à cause d’Inès de Castro, la célèbre tragédie de Houdart de La Motte, que depuis un siècle on ne cessait de jouer avec un succès prodigieux[1].

Ce second séjour, avec deux enfants en bas âge, marque le début de la gêne dans laquelle le ménage allait se débattre jusqu’à la fin. Valmore jouant seul ne pouvait décemment soutenir et nourrir une famille, qui avait dévoré toutes ses économies. Il ne se reposait guère. On l’entendit dans L’École des Vieillards, de Casimir Delavigne ; Jeanne

  1. « Aucune pièce n’a plus constamment soutenu et alimenté la curiosité publique », a écrit Geoffroy.