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LE MARI SIFFLÉ

sissait, en 1833, à se débarrasser de Frédérick Lemaître, il ne demanderait pas mieux, certes, que de prendre Valmore à sa place ! Et, là-bas, à Rouen, Prosper faisait la moue. Que pensait-on donc lui donner à interpréter ? Un répertoire de mélodrame ? Heureusement, le contrat qui liait l’illustre créateur de Robert Macaire était de douze ans !

Au travers de ces courses épuisantes, de ces ascensions d’escaliers, de ces attentes dans les antichambres, Marceline voyait-elle Latouche ? Allait-elle le relancer jusque dans ce pavillon d’Aulnay-sous-Bois, cette maisonnette, où il s’était barricadé pour finir ses jours, en écrivant Grangeneuve, France et Marie et Aymar ? Rarement sans doute, mais elle le voyait et cela suffisait à alimenter son douloureux amour. Dans tout ce qu’elle publiait avec acharnement apparaissait son image ou son reflet.

Dans L’Atelier d’un peintre, certes, elle avait fait une bonne part à son mari. Dufar, c’est lui, Valmore ; on croyait l’entendre, quand il se plaint des villes de troisième ordre qui vendent à un prix exorbitant aux comédiens le droit de réclamer des chefs-d’œuvre et réduisent l’artiste au salaire du plus médiocre ouvrier. Mais, à côté de cet honnête homme indigné, passe une autre silhouette ; l’héroïne aime passionnément un « loup » mystérieux, un don Juan séduisant qui lit avec passion les poésies d’André Ché-