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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

nier… Vraiment, était-il besoin d’être initié pour le reconnaître ?

En cette même époque de lutte désespérée, après les huit années de silence de Lyon et de Bordeaux, Marceline publiait chez Charpentier, avec une préface de Dumas, son second recueil de vers, Les Pleurs, qui n’était pas moins involontairement transparent. Il ne suffisait pas que l’amour dédaigné, trahi, abandonné y frémît à chaque page, l’amour d’une pauvre femme que l’âge, la misère, les soucis quotidiens ont rendue de moins en moins désirable, mais il avait fallu impérieusement qu’elle y inscrivît plusieurs fois le nom de celui qu’elle ne pouvait crier dans ses vers. Ce recueil passionné ; où le verbe « aimer » se conjugue à toutes les strophes, porte huit épigraphes empruntées à H. de Latouche ! Exemple singulièrement frappant d’une hantise sentimentale que rien ne parvenait à calmer.

Cette hantise, les événements s’étaient chargés de la développer encore, en rejetant la famille sur le pavé de Paris. Il n’allait plus être question pour Marceline de faire la navette entre la Normandie et la capitale. Au mois de mai 1833, Prosper était victime d’une des cabales frénétiques qui florissaient alors à Rouen, et qui brisaient sans pitié la carrière de tant d’artistes.

À la suite de soirées fort orageuses, il effectuait sa rentrée dans La Gageure imprévue, de Sedaine. Une bordée de sifflets essaya de