Page:Praviel - Le Roman conjugal de M. Valmore, 1937.pdf/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

siens, à ses filles surtout, folâtrant sous les ombrages d’Aulnay !

Ce rapprochement heureux, l’aînée l’avait réalisé. Inès n’était qu’une enfant, et Marceline se montrait toujours si froide, si peu aimable avec l’Ermite de la Vallée ! Il avait été conquis par cette Line, qui, d’ailleurs, à l’état civil portait son véritable prénom. Une jeune fille si séduisante, malgré ses bizarreries, fière, passionnée pour l’étude, calme, silencieuse. « Il y a dix hommes dans cette tête, et pas une jupe de femme, disait sa mère. L’aiguille n’a rien à faire avec ce petit cosaque. » En réalité, une « intellectuelle », si le mot avait eu cours. Mettons un « bas bleu ».

Elle avait des points de ressemblance avec sa mère, mais aussi de violents contrastes. Courte de taille, d’un visage régulier avec de beaux yeux bleus, elle dégageait quelque chose d’angélique et de puritain, un caractère sérieux et ferme, une sensibilité délicate, presque farouche. À la différence de Marceline, qui se prodiguait à tous et dont toutes les heures étaient envahies, elle sentait le besoin de se recueillir et de se réserver.

Latouche, dont le caractère offrait quelques rapports avec celui-là, n’avait pas tardé à s’intéresser vivement à Line. Il lui donnait des conseils sur ses lectures et ses études ; il lui communiquait le goût des littératures étrangères et de la poésie. Certainement, il l’aiderait à se créer une place ; et pour peu