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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

Heureusement, après avoir perdu Marceline, Louise et sa femme, Latouche allait garder auprès de lui Pauline de Flaugergues. Nous le savons, elle avait reparu dans sa vie depuis 1841, mais ce n’est qu’après son veuvage qu’elle vint s’installer complètement avec lui. Il l’y avait conviée dans ces vers de La Vallée aux Loups :

… Et quand viendra la Parque, à la main meurtrière,
Du flambeau de mes jours incliner la lumière,
Heureux si je t’entends ! Assise auprès de moi,
Donne ta main si faible et qu’elle me soutienne ;
Et que ma bouche encor s’arrête sur la tienne,
Que mon dernier baiser soit mon dernier soupir,
Que tes yeux en pleurant me regardent mourir !

Marceline avait-elle quelque motif de détester cette rivale du bord de la tombe ? Si pénible que cela soit, quand on considère l’âge respectif de Latouche et de sa dernière amie, la laideur presque ridicule de Pauline, on est bien obligé tout de même de conclure, en lisant de tels vers, qu’il y avait encore ici de l’amour. Certes, Mlle de Flaugergues a écrit :

Il existe un amour qui n’est pas seulement
L’ardeur du plus bel âge et son propre tourment…
C’est l’âme qui de l’âme est éprise, et, dit-on,
Pensif, loin des cités, c’est le divin Platon
Qui rêva cet amour si profond et si tendre :
Les vulgaires esprits ne le sauraient comprendre,
Il ne peut envahir que les cœurs généreux.
… À la foule idolâtre