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DERNIERS EFFORTS

tout le monde s’était mis à rimailler : Ondine, qui peut-être tenait aussi ce goût de son père, Hippolyte, qui se croyait doué pour tous les arts, Valmore lui-même, hélas ! Incontestablement le plus burlesque, c’était Félix, son beau-frère. Il écrivaillait des choses inouïes, comme celles-ci sur le départ de nos troupes pour la campagne d’Italie :

Le cruel montagnard dans un plaisir féroce
N’en asservit pas moins une vengeance atroce…
Un Français reste-t-il éloigné de ses rangs,
Des milliers de vautours lui déchirent les flancs !
D’autres, nouveaux Fulberts, outrageant la nature,
Retracent d’Abeilard la sanglante aventure…

Marceline était obligée d’écouter patiemment de telles insanités, et même d’emporter à Paris ce précieux manuscrit pour lui trouver un imprimeur. De quelles peines surérogatoires n’a-t-elle pas été écrasée !

À peine rentrée, Valmore la rejoignait. Décidément, les Belges l’avaient oublié, ils ne voulaient plus l’entendre. À partir du 1er janvier, on se retrouva sur le pavé de la rue Saint-Honoré, et au milieu de quelles difficultés ! Malgré les bonnes paroles de M. Thiers, le tragédien demeurait sans emploi. « Il est écrit que Paris nous repoussera toujours ! » lui disait sa femme. Sa pension avait été réduite très vite, car le gouvernement voulait réaliser des économies pour fortifier la capitale. Elle avait perdu jusqu’à son anneau de