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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

mariage, mis en gage à Rouen, au moment de la grande crise, et qu’elle n’avait jamais pu retirer. Sa sœur, espérait-elle, aurait renouvelé les frais. Probablement s’en était-elle trouvée empêchée à son tour, car elle n’en parlait plus…

À cette heure d’angoisse, l’Odéon offrit de nouveau refuge à M. Valmore, sous le titre qui ménageait son amour-propre, de sous-directeur. Il émigra aussitôt avec les siens dans la rue d’Assas, « déserte et froide comme la Russie » ; et il s’acharna bravement à ramer sur la vieille galère, qui faisait eau de toutes parts. Il s’y occupait d’administration, de régie, y jouait même quelques rôles sans gloire. Les littérateurs le poursuivaient pour obtenir des billets de faveur et le payaient en applaudissements ou en articles. Car, de son côté, Mme Desbordes-Valmore ne se décourageait pas. Elle publiait une nouvelle édition de ses Poésies, que Sainte-Beuve acceptait de présenter au public, et bientôt un autre volume, intitulé Bouquets et Prières. Ces efforts leur permirent de s’installer rue de Tournon, où ils avaient au moins un balcon et un peu de soleil.

Ils vécurent ainsi trois ou quatre années épuisantes, et d’autant plus cruelles qu’ils voyaient lentement dépérir et agoniser leur fille Inès, envahie par la tuberculose.

C’est ici que l’on sent l’injustice qu’il y aurait à comparer M. Valmore à Delobelle ; rien n’est