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DERNIERS EFFORTS

moins exact. Le mari de Marceline n’avait pas de talent, mais, toute sa vie, il a lutté pour aider les siens, acceptant toutes les tâches ; tantôt allant jouer à Lyon une médiocre Agrippine, du marquis de La Rochefoucauld — du moins était-ce une tragédie ! — tantôt essayant une tournée en Savoie, ou même retournant à Bruxelles pour administrer la Monnaie, en compagnie de deux associés, Charles Haussens et Van Ganeghem. De son dévouement réellement méritoire, on ne peut douter. Nous en retrouvons les traces dans les lettres de sa femme :

Garrottée comme je le suis loin de toi, je sens avec angoisse le délaissement où tu es là-bas, qui double les dégoûts de ta profession. Tu sais mieux que moi pourtant que c’est elle qui nous sauve de l’abîme et que, sans toi, il faut que je périsse.

Tout fut inutile : le 4 décembre 1846, Inès mourait. Le malheureux père l’apprit par une lettre tragique et simple de son fils Hippolyte :

… Le soir, Inès voulut donner un thé ; ce fut une triste communion, elle seule riait, et encore n’était-ce pas à plein cœur. Nous jouions tous une triste comédie. La nuit amena du mieux ; enfin, elle a souffert, menaçant à chaque instant d’en finir, en parlant sans cesse à sa mère, à moi, traitant d’ignorant son dévoué médecin, qui ne pouvait rien contre ce