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VI

LE MARI DE LA POÉTESSE


Prosper Valmore aimait. Nous en tenons dès à présent une preuve éclatante. Fut-il aimé ? Oui, si nous voulons bien appeler ainsi un attrait physique très vif, une sorte d’impulsion tendre à se reposer sur la force saine d’un être qu’on estime et qu’on admire. Nous en avons la démonstration patiente et tenace dans les innombrables lettres que lui écrivit sa femme et qu’il conserva pieusement. Elle le trouvait admirable, et elle avait raison. Un jour qu’elle avait rencontré l’élégant M. de Forbin-Janson, elle lui mandait :

— Ah ! qu’ils sont loin, tous ces beaux, de ta grâce romaine, non, grecque, toute pure, et mieux, s’il est possible !

On devine que son être sensible et meurtri s’élança vers ce superbe garçon avec une fougue qui dut certainement l’enivrer. Elle le lui répétait, elle le lui prouvait, il en était sûr ; et