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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

quand ils étaient obligés de se séparer, elle se sentait fort triste, dans leur logis qui paraissait agrandi par la solitude et le silence, et plus encore dans le lit conjugal, où elle se couchait « comme un petit loup » et qui lui semblait « un désert ». On ne peut pas être plus explicite[1].

Les difficultés qui ne manquent pas de surgir au début d’un ménage furent assez facilement vaincues. Valmore et sa femme étaient appréciés à Bruxelles.

Ces succès permirent à Marceline de braver les premières attaques, qui lui vinrent naturellement de sa belle-mère. Orpheline, elle avait beaucoup, redouté ses beaux-parents, qui admirateurs enthousiastes de leur fils, avaient tout fait pour l’éloigner d’un mariage qu’ils estimaient ridicule. Un garçon comme Prosper, jeune, distingué, promis au plus brillant avenir, épouser une comédienne de trente et un ans, sans diplômes, sans fortune, sans beauté et qui avait roulé dans tous les ruisseaux ! Une fille séduite, abandonnée avec un enfant, qu’elle n’avait même pas su élever ! Quelle folie ! Cependant, ils finirent par céder.

Votre mère sera donc la mienne, écrivait Mlle Desbordes à son fiancé. Votre père va

  1. En 1833 encore, elle lui écrivait après son départ : « Hier, c’était bien triste, le soir. J’ai pris Line dans mon lit, mais elle est bien plus petite que toi. » (Lettre de Rouen, 23 avril.)