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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/132

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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

s’ajoutaient les poursuites d’une espèce de moustique propre à ces climats. Ces hôtes désagréables s’étaient introduits dans nos logements, et en peu de jours nous étions couverts de petites tumeurs brunes, causées par leurs piqûres.

Enfin le 11 mars, après quatorze jours d’attente dans le port, on vint nous annoncer que nous allions descendre à terre, et qu’un bateau avait accosté le navire pour nous emmener. Nos préparatifs n’étaient pas longs à faire, en peu d’instants tout fut prêt ; et… nous sortîmes enfin des entrailles de l’impitoyable Buffalo !

Notre destination était un établissement pénal situé à huit milles seulement de Sydney.

Les longs délais qui nous avaient retenus si longtemps à bord du navire étaient dus à la répugnance que les autorités avaient à nous admettre dans la colonie. Pour triompher de ces répugnances, et nous épargner le triste sort d’un exil à l’Île Norfork, il n’avait fallu rien moins que les démarches pressantes et incessantes de l’excellent Évêque de Sydney. Toutes ces démarches seraient même demeurées inutiles, malgré un certificat de bonne conduite donné par le capitaine du Buffalo, si monseigneur Polding ne se fut presque porté caution de notre conduite future : c’était une responsabilité extrêmement difficile à prendre pour l’excellent évêque, qui ne nous connaissait que par les lettres bienveillantes écrites en notre faveur par les prélats canadiens ; mais sa charité triom-